2. l’histoire de Pilates: les origines
Joseph Humbertus Pilates, l’inventeur de la méthode Pilates, naît le 9 décembre 1883 à Mönchengladbach près de Düsseldorf, en Allemagne, d’un père (Friedrich) gymnaste de haut niveau et d’une mère (Hahn) naturopathe, précurseur de formes de guérison naturelles et ‘alternatives’. Il est le deuxième d’une famille de neuf enfants. Sa date de naissance est attestée dans ce document Polestar-Cologne-2008 (Cliquer sur le lien téléchargera le pdf sur votre ordinateur).
Joseph Pilates est un enfant chétif, souffrant de rachitisme, d’asthme, et de rhumatisme articulaire. Afin de retrouver sa santé, il se met à étudier l’anatomie et observe les animaux dans les bois. « Prenez un cheval, » dit-il un jour en discutant du conditionnement physique « si quelqu’un souhaite lui faire faire des courses, il l’entraîne pour qu’il soit dans la meilleure forme possible. Pourquoi ne pas aussi garder les humains dans la meilleure forme possible ? »
Il réalise vite que la santé mentale et physique sont reliées, et étudie des disciplines à l’époque très exotiques telles que le yoga et différents arts martiaux. Il intègre ces pratiques à des activités corporelles occidentales telles que la gymnastique ou la boxe, incorporant également des formes grecques et romaines anciennes d’exercices physiques. Il est persuadé qu’un style de vie « moderne » (mauvaise posture, respiration incorrecte, exercices ignorant les muscles posturaux…) est un élément qui participe de façon déterminante à une santé fragile.
Alors jeune homme, déjà plongeur et gymnaste, Joseph déménage en 1912 en Angleterre où il boxe professionnellement, et enseigne l’auto-défense dans les écoles de police et à Scotland Yard. Pour gagner sa vie, il participe aussi à un numéro de cirque avec son frère, où il joue la statue grecque.
Quand la Grande-Bretagne rejoint la première guerre mondiale, comme tous les citoyens allemands résidant au Royaume-Uni, il est fait prisonnier en tant que « étranger ennemi » dans un camp d’internement situé dans l’Île de Man. Ces circonstances difficiles lui permettent néanmoins de mettre en place les fondements de la méthode Pilates telle qu’elle est connue aujourd’hui. Dans ce camp d’internement, il observe les animaux s’étirer et utilise ses observations dans son entraînement. Il enseigne les exercices qu’il conçoit à ses compatriotes également internés, en agissant en quelque sorte comme leur prof de gym/physiothérapeute. C’est également ici qu’il développe le concept de ses ‘machines’, réalisant l’efficacité qu’il pourrait en obtenir avec des personnes non-entraînées, comparé au travail sur tapis. Il démantèle donc un lit superposé, y attache les ressorts du sommier, et commence à utiliser cet appareil à fins de rééducation.
L’efficacité de son approche ‘holistique’ quant à la santé devient évidente lors de la pandémie de grippe qui s’abat sur le monde entier en 1918. ‘Vraie’ grippe meurtrière, elle décime des populations entières, et les lieux où la place est limitée et les gens mal nourris, tels que les camps d’internement, sont particulièrement affectés. Malgré cela, toutes les personnes qui suivent la méthode de Joseph Pilates survivent, et il explique cela par un rapport direct de cause à effet.
Une fois libéré, il retourne en Allemagne et continue de former des policiers à Hambourg, et travaille également avec des experts de la danse et de pratiques corporelles tels que Rudolf von Laban. Quand la nouvelle armée allemande cherche à lui forcer la main pour qu’il y devienne entraîneur, il quitte le pays et émigre aux États-Unis. C’est lors du voyage en bateau qu’il rencontre sa future femme, une infirmière nommée Clara. Il se marient et fondent à New York leur studio, et y enseignent sa méthode de conditionnement physique qu’ils appellent ‘Contrology’.
Nombre de fervents adeptes suivent cette méthode alors révolutionnaire, qui met l’accent sur la respiration dans l’exercice, et un accord entre le mental et le physique dans l’approche de la pratique. Les danseurs des compagnies de danse new-yorkaises embrassent le Pilates, celui-ci leur permettant une rééducation accélérée des diverses blessures inhérentes à leur travail, et de se renforcer tout en gardant leur souplesse.
“ La santé physique est la première condition au bonheur. Notre interprétation de ‘santé physique’ est le développement et le maintien d’un corps formé harmonieusement avec un esprit sain, capable de mener naturellement, aisément et de manière satisfaisante nos nombreuses et variées activités quotidiennes, avec plaisir et zest spontané. ”
(traduit de l’anglais)
Joe Pilates et la table Trapèze ou ‘Cadillac
Martha Graham, arrivée à New York en 1923, et George Balanchine, qui a émigré aux États-Unis en 1933, sont tous deux des inconditionnels du Pilates et envoient régulièrement leurs élèves au studio de « Uncle Joe ». Danseurs et chorégraphes légendaires, la première sera la créatrice du Martha Graham Center of Contemporary Dance et de la Martha Graham Dance Company, le deuxième sera plus tard le co-fondateur du New York City Ballet.
Incapable de transporter ses appareils, Joseph Pilates enseigne également sa méthode sur tapis durant l’été à des jeunes danseurs dans le Massachusetts. Ses cours, qui durent une heure, commencent toujours par un travail sur la respiration, un élément fondamental du Pilates, outil essentiel parfois malgré tout confondu comme étant une fin en soi.
La respiration, une posture correcte, une emphase mise sur le redéveloppement harmonieux des muscles posturaux, des mouvements effectués sans hâte mais avec une précision parfaite sont les spécificités de sa méthode, qu’il explique en détail dans ses deux livres, ‘Your Health: A Corrective System of Exercising that Revolutionizes the Entire Field of Physical Education’ publié en 1934 et ‘Return to Life Through Contrology ‘, publié en 1945.